
Miro
chercher le bruit caché dans le silence, le mouvement dans l’immobilité, la vie dans l’intimité, l’infini dans le fini, des formes dans le vide et moi -même dans l’anonymat
Cette citation de Joa Mirò fait partie de la légende de l’un de ses tableaux à sa fondation à Barcelone.
Elle est écrite en minuscule (lunettes obligatoires si vous vous y rendez en personne de plus de 45 ans comme moi..) et pourtant elle est fondamentale! C’est comme ça que finalement j’ai pu commencer à comprendre Mirò : sa profonde recherche, au-delà des conventions picturales, des signes qui lient les aspects en apparence contraires de la vie.
Mirò et moi ça fait 30 ans qu’on se cotoie et j’ai pour lui une tendresse fraternelle.
A 16 ans avec mes copains des Beaux Arts, on dévorait les bouquins de peinture: ainsi, mon petit frère m’avait offert un très gros catalogue et il avait choisi lui-meme l’artiste : Mirò.
Pourquoi ce choix?
J’ai le clair souvenir de ma surprise mais la vie ne me donnera jamais l’occasion de le lui demander. Alors Mirò était devenu un lointain cousin qu’on estime sans le comprendre vraiment. J’ai précieusement conservé le livre/relique mais sans avoir éprouvé une empathie particulière pour son contenu, jusqu’à cette visite de la Fondation.
Au Parc de Montjuïc, on rentre dans son parcours du figuratif à l’abstrait avec des espaces dédiés comme à son plus grand collectionneur, le japonais Kazumasa Katsuta qui met en relation Orient et Occident : comment les « formes » primordiales de Miro s’apparente aux tracés d’encre de Chine « dans le vide » de la feuille de riz traditionnelle.
Et puis Mirò, c’est de la texture! et ça aucun livre de famille ne vous y prépare : il travaillait notamment la tapisserie et la plus imposante remplit un pan de mur entier. On peut la contourner, en voir l’envers comme pour « chercher l’infini dans le fini ». De près on a l’impression d’ailleurs qu’elle n’est pas « finie » et pourtant l’effet d’ensemble dégage une force compacte et dense.
Il n’y a meme pas besoin de « chercher la vie« car avec les courbes de son Oiseau Solaire, rien n’est plus « inanimé » : ce marbre exprime « le mouvement dans l’immobilité » !
Alors vous me direz : et « le bruit caché dans le silence » il est où alors ?
Après des décennies de familiarité distante (belle oxymore à la Mirò, non ?), ses couleurs m’ont parlé :
Le noir comme le bruit sourd de l’Univers, le Bleu comme le silence froid du ciel, le Jaune tel le cri strident du Soleil, le Blanc est muet et le Rouge rit aux Eclats.
Bref, Semafilo vous invite à appréhender les contraires qu’aimait tant Mirò.
Mettre en relation des concepts en apparence opposés
Qu’ils soient esthétiques ou mentaux, à vous le choix de la créativité ! et n’oubliez pas de partager !
